Il y a un peu plus de deux ans, Pierre-Yves Cardinal décrochait le rôle le plus honorifique de tout amateur de hockey et du Canadien: celui de l’illustre Jean Béliveau dans la série Béliveau, diffusée sur les ondes d’Historia au printemps 2017. Un rôle qui, selon le principal intéressé, n’a fait qu’augmenter son niveau d’intérêt et d’admiration envers notre sport national. Entretien avec un comédien fort sympathique.
Simon Bédard | Hockey Le Magazine
Rédacteur en chef
Simon Bédard Pierre-Yves, es-tu un amateur de hockey?
Pierre-Yves Cardinal Oui, je suis un fan de hockey ! Entre six et dix ans, j’ai joué un peu, mais je ne peux pas dire que j’aimais ça. J’ai toujours été davantage un artiste qu’un sportif, donc le milieu d’un aréna, ça ne me faisait pas tant tripper. Dans la vingtaine, j’ai recommencé à jouer au parc et à partir de là, j’ai vraiment aimé ça. Plus je jouais, plus j’aimais ça et lorsque j’ai eu mon rôle dans la série Béliveau, l’entraîneur Alexandre Dandenault m’a pris sous son aile et il a commencé à me montrer toute la technique derrière ça. Je me suis dit ‘Oh, boy ! C’est fou tout ce que je ne connais pas de ce sport-là…’ Deux ans plus tard, je commence à assimiler toutes les petites facettes du jeu, mais disons que c’est quelque chose qui est très long à maîtriser. Comme dans n’importe quel sport, quand tu commences à maîtriser un peu plus ses techniques, ça devient plus sensoriel. C’est vraiment trippant comme feeling !
SB Tu sembles davantage aimer jouer au hockey que le regarder à la télévision. Est-ce que je me trompe?
PYC Il y a eu des moments où j’en regardais vraiment beaucoup. Certaines saisons du Canadien, je ne manquais pratiquement pas un match, mais présentement, j’aime mieux jouer que le regarder. Le préparateur physique François Landreville organise des séances de powerskating et j’essaie d’y aller le plus souvent possible. Plus j’en suis, plus je vois à quel point c’est devenu technique. Quand j’ai commencé à jouer au hockey, je trouvais que c’était très brutal et explosif. Maintenant, je vois plus les subtilités dans le coup de patin et dans le maniement de la rondelle. Maintenant quand je regarde des professionnels jouer, je trouve ça encore plus plaisant qu’avant, car j’observe tout ce qu’ils font techniquement ! Quand on regarde un match, on a tendance à s’exciter lorsque la rondelle est rendue proche du filet, mais je perçois plein de petits jeux en zone centrale qui sont tout aussi impressionnants ! Ça me fascine ce qu’ils font sur une patinoire.
SB Quel est ton plus beau souvenir lié au hockey, que ce soit en tant que joueur ou simple partisan?
PYC C’est tout l’aspect familial que ça représente pour moi. Quand j’étais jeune, je jouais sur le lac au chalet. On n’était pas des enfants avec un très haut degré de compétition, mais c’était juste tellement magique de faire une patinoire sur le lac et de jouer au hockey avec ses cousins. Ça n’a juste pas de bon sens comment c’était l’fun! On pouvait passer toute la journée à jouer. On avait des spotlights et rendu tard le soir, nos tantes nous obligeaient à rentrer. Personnellement, je préférais ça à être dans une équipe organisée. Je n’étais pas vraiment un bon joueur ni intéressé par ça. C’est vraiment plus tard que je me suis dit ‘Oh, il y a quelque chose qui m’interpelle avec ce sport-là’.
SB Est-ce que le Canadien revêt un cachet particulier pour toi?
PYC Vraiment! J’ai toujours pensé que je n’étais pas si fan que ça jusqu’à ce que je m’observe en train de regarder un match de séries du Canadien. C’est là qu’on réalise qu’on est plus partisan qu’on ne le croyait. Un moment donné, j’étais au restaurant et il y avait des gens à la table derrière moi qui parlaient en mal de l’équipe et c’était vraiment venu me chercher. J’ai réalisé que j’étais plus attaché à elle que je ne voulais me l’admettre. On a toujours appelé l’équipe la Sainte-Flanelle et ç’a toujours été quelque chose de sacré pour nous. C’est l’appellation qui désigne le mieux ce club-là. Quand j’étais jeune, mon père me parlait des légendes de l’équipe et j’avais un livre de Maurice Richard qui me fascinait. Il y a quelque chose de mythique qui entoure le Canadien et chaque fois qu’il atteint les séries, on devient juste heureux. Même ceux qui, en temps normal, ne suivent pas ça durant la saison régulière vont au bar pour regarder le match et célébrer avec les autres lorsqu’il y a un but.
SB Vas-tu souvent voir des matchs au Centre Bell?
PYC J’y suis allé en quelques occasions. Lors de mes dernières visites, j’ai eu la chance d’être accompagné des Béliveau. C’était vraiment particulier ! Ils sont situés à trois rangées du banc du Canadien et les joueurs passaient à côté de nous pour aller au vestiaire. Les gars étaient à quelque trois mètres de nous et pour quitter, on traversait un tapis rouge et le vestiaire était juste à notre droite. C’était vraiment quelque chose de paranormal ! Quand tu es situé au niveau de la glace comme j’étais, tu vois à quel point les jeux de transition sont rapides et tu ne chiales plus contre eux. Ce n’est pas comme lorsque tu es à vol d’oiseau et que toutes les options te sautent aux yeux. Il faut être moins sévères envers nos joueurs à Montréal. Je crois qu’on pourrait être de meilleurs amateurs et pardonner un peu plus facilement.
SB En terminant, parlons de la série Béliveau, dans laquelle tu as eu l’honneur d’interpréter le rôle de Jean Béliveau. Comment as-tu trouvé ton expérience?
PYC C’était juste incroyable de pouvoir incarner un rôle comme celui-là ! C’était beaucoup, beaucoup de travail. Sur le plan physique, j’ai rarement été aussi brûlé. Je me poussais à fond parce que je devais prendre de la masse musculaire en deux mois, ce qui n’est pas nécessairement évident à faire. Je tournais sur d’autres séries et sur un film en même temps, en plus de suivre des cliniques de hockey et devoir en apprendre davantage sur Jean Béliveau en parallèle. Heureusement, j’ai eu un appui incroyable de la part d’Élise et Hélène Béliveau. Elles ont vraiment été des soies avec moi. Dès le départ, je me suis senti accueilli et elles m’ont donné une foule d’informations sur lui. Ça m’a beaucoup aidé de sentir qu’elles étaient derrière moi. Au début, ça me stressait beaucoup de savoir comment elles allaient réagir. Elles voulaient m’aider et ç’a été une expérience vraiment positive pour elles et moi.
En tirs de barrage
Ton équipe préférée dans la LNH? Le Canadien.
L’équipe que tu détestes le plus dans la LNH? À une certaine époque, j’ai vraiment détesté les Flyers. Mais c’est moins pire aujourd’hui…
Ton idole ou tes idoles de jeunesse? Mario Lemieux. C’était paranormal comment il jouait, ce gars-là.
Qui t’impressionnes le plus actuellement dans la LNH? Connor McDavid. Il est juste fou!
Ton joueur préféré chez le Canadien présentement? Max Domi. Il a du talent, mais il est surtout combatif.
Le plus beau chandail dans la LNH? Celui des Blackhawks. Mon frère habite à Chicago et je le trouve chanceux. Suivi par celui du CH, qui a un bel esthétique rétro.
Et celui que tu aimes le moins? [Hésitation] En général, les nouveaux chandails d’aujourd’hui se veulent trop tape-à-l’œil et modernes. Ça m’énerve un peu!